Lisbonne, Tomas Tranströmer

alr © 2012

Lisbonne

Les tramways jaunes chantaient dans les montées du quartier d’Alfama
Il y avait deux prisons. Dont une pour les voleurs.
Ils agitaient les mains par les grilles des fenêtres.
Ils criaient qu’ils voulaient être photographiés!

« Mais ici », me dit le receveur, ricanant comme
quelqu’un qui hésite,
« c’est ici qu’on met les politiques ». Je regardai la façade, la façade, la façade
et tout là-haut dans une fenêtre, un homme
qui avait des jumelles devant les yeux et contemplait la mer.

Le linge séchait dans le ciel. Les murs étaient brulants.
Les mouches déchiffraient des lettres minuscules.
Six ans plus tard, je demandai à une dame de Lisbonne :
« Était-ce donc ainsi ou bien l’ai-je rêvé? »

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Lisboa

No bairro de Alfama os eléctricos amarelos cantavam nas subidas.
Havia duas prisões. Uma delas era para os gatunos.
Eles acenavam através das grades.
Eles gritavam. Eles queriam ser fotografados!

« Mas aqui », dizia o revisor e ria baixinho, maliciosamente,
« aqui sentam-se os políticos ». Eu vi a fachada, a fachada, a fachada
e em cima, a uma janela, um homem,
com um binóculo à frente dos olhos, espreitando
para além do mar.

A roupa pendia no azul. Os muros estavam quentes.
As moscas liam cartas microscópicas.
Seis anos mais tarde, perguntei a uma dama de Lisboa:
Isto é real, ou fui eu que sonhei?

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Lissabon
(Svéd)

I stadsdelen Alfama sjöng de gula
spårvagnarna i uppförsbranterna.
Där fanns två fängelser.
Ett var för tjuvarna.
De vinkade genom gallerfönstren.
De skrek att de ville bli fotograferade!

« Men här », sa konduktören och fnittrade
som en kluven människa
« här sitter politiker ».
Jag såg fasaden, fasaden,
fasaden och högt uppe i ett fönster en man
som stod med en kikare för ögonen
och såg ut över havet.

Tvättkläderna hängde i det blå.
Murarna var heta.
Flugorna läste mikroskopiska brev.
Sex år senare frågade jag en dam från
Lissabon:
« Är det riktigt, eller har jag drömt det? »

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Lisbon

In the Alfama quarter the yellow tramcars sang on the steep slopes.
There were two prisions. One was for thieves.
They waved through the grilled windows.
They shouted to be photographed.

‘But here,’ said the conductor giggling like a split man,
‘here sit politicians.’ I saw the façade the façade the façade
and high up in a window a man
who stood with a telescope to his eye and looked out over the sea.

Laundry hung in blue air. The walls were hot.
The flies read microscopic letters.
Six years later I asked a woman from Lisbon:
‘Is it true, or have I dreamt it?’

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9 Responses to Lisbonne, Tomas Tranströmer

  1. colo says:

    Tu parles au passé, ce qui est mille fois tant mieux pour les prisonniers politiques, mais rassure-moi, les trams jaunes existent encore?
    Belle journée ArRi

  2. Obni says:

    Quel joli texte qui décrit si bien cette ambiance portugaise ! Je ne connais pas Lisbonne et cela figure sur ma liste des voyages à effectuer avec de trépasser…

  3. gballand says:

    Qu’il est beau ce 28 ! je l’ai pris tant de fois. Lisbonne est le lieu de tous les rêves, cela ne m’étonne pas que vous vous posiez cette question. Mais dites-moi, combien de langues parlez-vous ??? ;)

  4. la bacchante says:

    Et dans la 2ème prison qui y avait-il?

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